DEPRESSION: Ce n’est pas « juste une faiblesse de caractère dont on peut se sortir en faisant un peu d’effort »

Un petit coup de mou, un passage à vide, une baisse de morale dus aux moments de détresse après un deuil, une trahison ou une déception amoureuse sont des réalités de la vie. Mais dans l’intensité de ces périodes se cachent souvent des signes de dépression. Une maladie sérieuse causée par un débalancement de neurotransmetteurs dans le cerveau. Les neurotransmetteurs sont des composés chimiques libérés par les neurones. Une sorte de messagers qui transmet l’information d’une cellule à une autre dans le cerveau. Quand il n’y a plus assez de messagers, les cellules ne peuvent plus aussi bien communiquer entre elles et c’est ce qui entraînerait le développement des différents symptômes dépressifs.

Sujet tabou et négligé dans notre société camerounaise, la dépression n’est donc pas « un coup de déprime » ou le reflet d’une faiblesse de caractère. C’est une pathologie.

Avoir honte d’être dans le besoin d’aide: A été, pendant un long moment, la réalité d’Aline. Jeune femme de 31 ans, célibataire. Elle n’arrivait pas à parler de son mal-être à son entourage. Elle aurait été jugée de se mettre dans un état pitoyable (perte d’appétit, insomnie) pour une « simple » rupture amoureuse. Alors qu’elle vivait une dépression souriante. Les personnes dépressives arrivent, parfois, à cacher dans leur intérieur, ce malaise. Ils essaient de mener une vie normale. «Tout le temps en boîte de nuit, je buvais beaucoup pour donner l’impression de m’éclater. C’était la pire période de ma vie. Je me suis livrée à des comportements sexuels dépravés. » Confie-t-elle. Plusieurs fois, la jeune dame a pensé à s’ôter la vie jusqu’à ce qu’elle raconte tout à un psychologue rencontré en ligne.

Quand on souffre de dépression, il n’est pas évident de parler de ses sentiments et de ses émotions. Cette maladie génère en effet une culpabilité, un sentiment d’échec et un fatalisme tels qu’on a l’impression que toute aide extérieure est inutile.

Banalisation de la maladie : Selon de nombreux psychologues et psychiatres rencontrés localement. Seulement 1/10 patient a trouvé le réconfort dans sa famille. « On vous dit que ça ira. Que c’est la vie ! Qu’il faut prier. Et si vous persistez à vouloir être dans votre bulle, on vous y abandonne simplement. » Dit Achille, 44 ans. Il a sombré dans la dépression après la perte de son emploi. Sa femme et ses enfants ont fini par le quitter. Dans le bureau de son psychiatre, il explique que tout le monde lui renvoyait à la figure qu’un homme ne pleure pas. Pourtant l’état dépressif est extrêmement difficile à vivre et l’entourage est très souvent salvateur.

Comment reconnaître les signes d’une dépression ?

Perte d’élan de vie : Pas d’énergie, une fatigue intense. Tout ce qui se faisait naturellement et quotidiennement devient impossible à réaliser. Par exemple, se faire à manger ou faire son lit.

Les troubles : Le sommeil est perturbé. Certaines personnes ne trouvent pas le sommeil profond. Ils ont des réveils nocturnes. D’autres encore se réfugient dans d’interminables nuits. Certains encore connaissent une sexualité perturbée par un désir qui s’efface peu à peu.

Manque de concentration : Les dépressifs sont souvent évasifs. Ils n’arrivent pas à réfléchir et à s’exprimer convenablement.

Humeur : Tristesse et anxiété. Ils sont mécontents de façon générale. Ils ont peur de tout et n’osent rien. Ils baignent dans un désespoir qu’ils peinent à exprimer.

Que faire pour lutter contre la dépression ?

Prévenir 

Pour être efficace, le soutien familial ou amical suppose le respect d’une « bonne distance » avec la personne dépressive, une présence bienveillante mais pas « étouffante », de l’affection, de l’écoute et de la patience.

Il convient, tout d’abord, de préciser que les enfants dont les parents souffrent de dépression sont plus à risque d’en souffrir également et ce, dès l’enfance. Depuis les années 2000 à aujourd’hui, de nombreuses études américaines et françaises ont confirmé le caractère héréditaire de cette maladie bien qu’il faille prendre en compte les facteurs environnementaux et psychologiques.

Les mêmes études montrent qu’environ la moitié des personnes atteintes de dépression en souffrent plus d’une fois au cours de leur vie. Il faut se préserver en faisant régulièrement de l’exercice physique. Ne pas hésiter à s’ouvrir dès les premiers signes chez un professionnel. Il est aussi important de nourrir sa spiritualité. Ceci permet de puiser au fond les ressources pour s’accepter tel qu’on est et d’accepter sa situation et les moyens de la changer dans la mesure du possible. Dans certains cas, côtoyer du monde peut être bénéfique. Faire de nouvelles rencontres, surtout s’il s’agit d’une dépression légère.

Traitement

Il existe bien un traitement médical avec une prise de médicaments ou des séances de psychothérapie. Selon que la dépression est légère ou majeure la combinaison des deux types de traitement s’avèrent plus efficace. En cas de tendance suicidaire, on peut recourir à une hospitalisation pour un traitement approprié. Comme toute pathologie qui s’attaque au moral, la dépression n’est absolument pas à négliger. Elle existe bel et bien et ses conséquences peuvent être dévastatrices.

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