FIERTE CAMEROUNAISE: le prix Goncourt des lycéens attribué à Djaïli Amadou Amal

Figure de proue de la lutte pour les droits des femmes dans le Sahel, Djaïli Amadou Amal est l’une des lauréates du Goncourt des lycéens pour « Les Impatientes », roman poignant sur la condition des femmes dans le Sud-Sahel.

Une récompense méritée pour un livre coup de poing. En effet, la dame de l’Extrême-Nord a remporté le 2 décembre, le Goncourt des lycéens avec une œuvre qui dépeint la dure condition des femmes dans le Sahel. Elle est la première écrivaine africaine à aborder les thèmes douloureux de la polygamie, du mariage forcé et des violences conjugales, dans le sens où elle évoque le destin de trois femmes désireuses de se libérer du carcan infligé par une société traditionnelle et patriarcale. L’auteure plonge le lecteur dans la réalité des femmes de la ceinture sahélienne .

« Je suis une femme africaine, je vis au Cameroun et donc j’ai décidé de parler de cette société du point de vue des femmes car on ne donne pas suffisamment la parole aux femmes et surtout pas dans le Sahel » confie-t-elle à l’AFP.

Une femme forte au parcours atypique

Ce quatrième livre est la version retravaillée et rééditée de « Munyal, les larmes de la patience » paru aux éditions Proximité à Yaoundé en 2017. Elle y raconte une part de sa vérité. À 17 ans, son père la marie contre son gré, à un homme quinquagénaire. Cinq ans plus tard, Djaïli Amadou Amal demande le divorce. Puis, décidée de ne plus accepter la violence, elle se sépare également de son second mari.

Pour échapper au poids des souvenirs, elle va trouver refuge dans la lecture. En 2010, la fondatrice de l’association Femmes du Sahel publie son premier roman « Walaande, l’art de partager un mari ». Elle y relate l’attente sans fin de quatre femmes mariées au même homme. Un succès au pays.

Quasi inconnue dans les milieux littéraires occidentaux il y a encore quelques mois, la native de Maroua, d’après ses mots veut voir en cette récompense un espoir pour l’avenir.

« Que des jeunes puissent être sensibles à des sujets aussi graves et difficiles, c’est l’espoir d’un avenir meilleur, car les jeunes d’aujourd’hui sont les adultes de demain. Le roman se passe dans le Nord du Cameroun, mais le sujet se passe partout ailleurs. Lorsqu’on parle de mariage forcé, de polygamie, cela se passe peut être dans certains Etats plus que d’autres. Mais la violence physique, psychologique, les maladies psychosomatiques dont je parle dans le roman, elles, se déroulent partout dans le monde.  

Non seulement je pense que la littérature peut changer le réel, mais j’en suis la preuve réelle. La littérature a sauvé ma vie. J’ai été mariée à 17 ans à un homme qui en avait plus de 50. Le seul moment de bonheur que j’avais, c’était d’ouvrir un livre. Grace à lui, je pouvais me trouver n’importe où. J’ai commencé à écrire comme un exutoire, comme une thérapie. Après je n’avais pas d’autres choix que de publier mon roman et de m’enfuir. Pour que le jour où mes filles soient mariées, je sois assez forte pour m’y opposer. Et pour être la voix de toutes ces femmes, pour pouvoir les défendre. »

Les Impatientes a été publié aux éditions Emmanuelle Collas

Le Goncourt des lycéens est l’un des plus prestigieux prix littéraires français. Il récompense des auteurs d’expression française. Il a été crée en 1892. Le Goncourt est décerné tous les ans au meilleur ouvrage d’imagination en prose, paru dans l’année et  est attribué à un roman.

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